Critique de Thomas Bauduret (site K-Libre)

Extraits

Le polareux averti a appris à se méfier de la petite industrie locale du polar dit « régionaliste », qui de toutes façons, ne s’adresse pas à lui :

…  Heureusement, malgré son titre, on a heureusement affaire avec ce roman de Bernard Méhaut à un tout autre genre d’animal.

Difficile de ne pas penser au grand Georges Simenon dans ce roman d’atmosphère

Non sans humour : sa plongée chez ses homologues de Cologne, Germanie, reste un moment d’humour assez roboratif.

Une lecture de vacances hautement recommandable !

 

Chronique intégrale

Voir Quiberon et mourir

Le polareux averti a appris à se méfier de la petite industrie locale du polar dit « régionaliste », qui de toutes façons, ne s’adresse pas à lui : l’intrigue policière n’y est que secondaire, tout ce qui compte, c’est le plaisir du décor, forcément authentique, et décrit avec une minutie que le style est souvent loin de rehausser… Heureusement, malgré son titre, on a heureusement affaire avec ce roman de Bernard Méhaut à un tout autre genre d’animal.

Un vieil homme venu de loin arrive à Quiberon… pour y mourir assassiné. Qui a pu tuer ce presque inconnu, déjà aux portes de la mort, arrivé un beau matin dans une pension de famille ? Le commissariat de Vannes n’a rien d’un refuge de cracks de la police scientifique, et le commissaire Orlando Müller aura bien du mal à assembler quelques indices qui le mèneront à la lointaine Allemagne et à un passé plus lointain encore. Comme de bien entendu, un second meurtre viendra compliquer le tout. L’affaire risque cependant de ne pas être élucidée, à moins que…

Difficile de ne pas penser au grand Georges Simenon dans ce roman d’atmosphère presque minimaliste dans son intrigue, mais qui a sa petite musique, à la fois douce et nostalgique, comme ces airs d’accordéon d’un autre âge (pas les flonflons de la valse musette, ceux qui chantent le spleen des petites gens). Orlando Müller campe un personnage crédible jeté dans une affaire qui le dépasse, mais à laquelle il s’accroche jusqu’au bout avec une ténacité attachante. Non sans humour : sa plongée chez ses homologues de Cologne, Germanie, reste un moment d’humour assez roboratif. Quant au style, il participe au même dépouillement, sans fioritures, mais qui évoque fort bien l’ambiance de la presqu’île. Il y a quelques petites longueurs, le thème des séquelles de la Seconde Guerre mondiale est un peu surexploité de nos jours (ce qui n’est nullement la faute de l’auteur), mais ceux qui préfèrent les petites musiques feutrées aux grandes orgues du thriller industriel peuvent y jeter un coup d’œil. Une lecture de vacances hautement recommandable !

Thomas Bauduret, est traducteur, auteur et éditeur. 

Critique sur le site de K-Libre